Histoire-Géographie : chute du niveau des élèves au collège

Histoire-Géographie : chute du niveau des élèves au collège

Le ministère consacre un numéro des Dossiers de la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) aux résultats de l’étude Cèdre (cycle d’évaluations disciplinaires réalisées sur échantillon) sur l’histoire-géographie à l’école et au collège.

Le constat est sans appel : au collège, le niveau des élèves a nettement baissé entre 2006 et 2012 alors qu’à l’école le niveau reste stable.

A l’école primaire, le niveau des acquis en histoire-géographie a peu varié depuis 2006. Il y a peu d’élèves faibles (12%) et forts (11,5%) et leur taux reste stable sauf pour les plus forts qui augmente un peu. Les élèves les plus faibles ont des difficultés avec la maitrise de la langue.

Au collège les écarts se creusent. On passe de 13% d’élèves faibles en 2006 à 18% en 2012, les très faibles doublant de 2 à 4%. En même temps les forts passent de 10 % en 2006 à 6% en 2012.

L’étude croise les résultats avec les profils d’établissement.  Elle constate que la dégringolade est deux fois plus rapide dans les collèges populaires que dans les autres (écart de 18 points contre 10).

A cela plusieurs raisons. L’étude montre une maitrise du vocabulaire problématique. Les élèves lisent moins et consacrent moins de temps qu’en 2006 au travail scolaire dans la discipline.

L’absence de travail des élèves

« Ainsi, en 2012, 21,4 % des élèves considèrent ces disciplines comme peu importantes, voire pas du tout importantes (ils étaient 17,2 % en 2006). À l’opposé, 38,7 % des collégiens interrogés les considèrent comme importantes ou très importantes alors qu’ils étaient 46,1 % en 2006.

D’ailleurs, le temps qu’ils déclarent consacrer chaque semaine à leur travail personnel dans ces disciplines a diminué. Près d’un quart des élèves travaillent très peu en dehors des cours, avec moins de 15 minutes par semaine vouées à ces disciplines, alors qu’ils n’étaient que 18,2 % dans ce cas en 2006. On observe également une diminution de la part des élèves effectuant un réel travail personnel : un tiers déclare y consacrer entre une demi-heure et deux heures alors qu’ils étaient près de 43 % en 2006. »

« Il y a dix ans, les élèves même les plus en difficultés apprenaient leurs leçons (dates, vocabulaire, localisations…) et parvenaient à avoir de très bonne notes aux contrôles de « repères ». Ils étaient fiers. Maintenant le même profil d’élève n’essaie même pas », déclare une enseignante de collège.

Les pratiques culturelles

« Bien que l’intérêt déclaré pour ces disciplines reste constant, les élèves semblent moins exposés, en dehors du travail scolaire proprement dit, à l’histoire-géographie et à la vie civique dans leurs pratiques culturelles. En effet, le nombre d’élèves déclarant ne jamais lire de livre ou de revue sur ces sujets a presque doublé, passant de 19 % à 36 %.

Moins d’un sur dix affirmait en 2006 ne jamais regarder d’émissions de télévision ou de film en lien avec ces disciplines ; ils sont près de 15 % en 2012.

L’usage personnel que font les élèves des TICE ne semble pas favoriser leur accès à une culture historique et géographique : en 2006 comme en 2012, près de 70 % n’utilisent jamais Internet, ou y recourent rarement pour chercher des informations dans ces domaines de connaissances. »

La baisse en histoire-géographie se situe dans une baisse globale des compétences des collégiens.  Or les difficultés des élèves en expression écrite rejaillissent sur les compétences en histoire-géographie.

Les enquêtes CEDRE étudient chaque année une discipline avec une comparaison des acquis sur 6 années. Elles permettent d’observer l’évolution des acquis dans les différentes disciplines sur des périodes assez longues. Les élèves sont testés sur des compétences précises.

En 2011, l’évaluation Cèdre sur les compétences générales indiquait : « En fin de collège, entre 2003 et 2009, on observe une baisse du pourcentage d’élèves ayant une très bonne maîtrise des compétences générales attendues (de 10 % à 7,1 %) et, dans le même temps, une augmentation du pourcentage d’élèves dont les compétences se limitent au prélèvement d’informations (de 15 % à 17,9). »

En 2015, l’évaluation Cèdre en mathématiques relevait : « Si le niveau des très bons élèves se maintient en mathématiques, le niveau global a fortement baissé au collège entre 2008 et 2014 »

Plus qu’une crise de l’histoire-géo relevée dans la dernière évaluation Cèdre, les différentes enquêtes de la DEPP mettent en évidence la baisse globale des performances et le creusement des inégalités dans le système éducatif. Le collège unique est en crise. Il est urgent de le rénover.

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