PROPOSITIONS POUR L’ECOLE
LE PROGRAMME DE 2012
L’école est un service organique de la République. A l’école, se prépare l’avenir de la Nation. Elle instruit le citoyen, capable de penser par lui-même et d’assumer sa liberté. Mais la République a besoin de savants, de techniciens et de cadres. L’école doit donc assurer la sélection des meilleurs par la promotion de tous. L’élitisme républicain, qui repose sur une exigence collective et sur l’effort individuel, est le meilleur levier pour assurer l’égalité des chances. Le laxisme scolaire enferme les plus défavorisés sur le plan culturel et social et permet la reproduction héréditaire des élites. C’est l’objectif inverse qu’il faut viser.
Analyse
L’école va mal, et le quinquennat de Nicolas Sarkozy n’aura fait qu’aggraver la situation : suppression déraisonnable de postes d’enseignants, dans une optique purement comptable et sans vision globale de réorganisation, laxisme face aux violences scolaires en progression continue, dispersion des apprentissages au détriment du français et du calcul, mise à l’arrière-plan de l’histoire de France, pour des raisons essentiellement idéologiques.
Platon a écrit : « Lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au dessus d’eux l’autorité de rien ni de personne, alors c’est là en toute beauté et en toute jeunesse le début de la tyrannie. »
Ce qui n’était à l’époque qu’une réflexion philosophique très juste est aujourd’hui devenue réalité dans bon nombre d’établissements scolaires. Depuis une quinzaine d’années, l’insécurité à l’école n’a cessé de progresser, de l’ordre de 10% par an d’après les chiffres officiels. Or la transmission du savoir ne peut s’effectuer ni dans le chaos, ni dans l’anarchie.
L’autre chantier essentiel qu’il nous faut ouvrir rapidement concerne les savoirs. Inutile de le nier : le niveau des élèves baisse d’année en année. Des études confirment ce sentiment partagé par tous et chacun. Le ministère de l’Education nationale a publié en janvier 2009 une étude réalisée en 1987 puis en 2007 auprès de 4000 élèves de CM2. Ses résultats sont sans appel : aussi bien en lecture qu’en calcul ou en orthographe, le niveau a chuté. Quand les élèves faisaient en moyenne 11 fautes à une dictée en 1987, ils en font aujourd’hui 15 sur la même dictée.
La préparation à la citoyenneté est un autre défi. Elle doit être instillée dès l’école maternelle en appelant au respect de la loi et du savoir-vivre ensemble, par une éducation civique élémentaire et par la formation à la morale républicaine.
Pour que le futur citoyen puisse au moins appréhender les termes du débat public et y participer, la priorité doit être donnée à l’apprentissage du français, nécessaire à tout échange. Le français, langue latine s’écrivant dans un alphabet latin, seule la méthode syllabique est appropriée pour apprendre à le lire et à l’écrire correctement. Son enseignement comprend le vocabulaire, l’orthographe, la grammaire et l’approche des grands auteurs.
S’y ajoutent d’une part des notions solides sur l’histoire de France, à partir de la chronologie et de figures symboliques qui se gravent dans les mémoires, d’autre part une connaissance de la géographie du pays, reposant sur des cartes. À l’école primaire, s’ajoute encore l’apprentissage du calcul. Tout au long de la scolarité, les enseignements doivent être délivrés dans une langue limpide, d’où sont bannis les termes jargonnant et les dernières modes qui peuvent agiter légitimement les spécialistes. L’objectif n’est pas un savoir de spécialistes, mais un viatique pour vivre ensemble. Pour utiles qu’elles soient, les technologies de la communication ne sauraient remplacer le contact entre le maître et l’élève.
L’école doit aussi donner au citoyen les moyens de subvenir à ses besoins et à ceux des siens, sachant qu’il changera probablement trois ou quatre fois de métier au cours de sa vie active. Les programmes doivent présenter les fondamentaux de chaque matière dans une perspective d’ouverture.
L’école n’est pas « un lieu de vie » où l’enfant construirait son savoir par lui-même. Depuis 1968, les méthodes pédagogistes ont peu à peu démantelé l’école de la République, bloquant l’ascenseur social et faisant de nos enfants des cobayes livrés à toutes les expériences plus catastrophiques les unes que les autres. Au centre de l’école, doit se trouver la transmission des connaissances, acquises difficilement par l’humanité au cours des siècles. Le maître sait, et n’a pas à être tutoyé par l’élève, qui lui doit respect et obéissance pour apprendre grâce à son effort évalué par la notation. Si félicitations et encouragements sont nécessaires, les sanctions sont tout aussi inévitables.
Positions
L’école sanctuaire, lieu de neutralité
- A l’école, la laïcité qui est non seulement la neutralité religieuse mais aussi la neutralité politique sera appliquée avec la plus grande fermeté.
- L’école doit être un sanctuaire, mettant à l’abri des modes et des lubies l’exigence de transmission des savoirs, des connaissances et du goût de l’effort. Les méthodes et l’état d’esprit pédagogistes n’y ont plus leur place.
La valeur centrale de discipline
- L’école est un lieu à part dans la République, ce n’est pas un simple appendice de la société. Il faut donc en revenir à ce principe simple : à l’école tout le monde n’est pas au même niveau. Le professeur est au-dessus de l’élève. Et le parent d’élève n’est pas le client du professeur. L’accent sera mis sur cette évidence dans la formation des enseignants.
- La valeur centrale de respect du professeur retrouvera toute sa place à l’école : cela passe par des choses simples : se lever quand le professeur entre en classe, bannir le tutoiement par l’élève de l’enseignant.
- Les professeurs devront pouvoir s’appuyer sur leur administration et leur hiérarchie dans l’entreprise de rétablissement de leur autorité.
La lutte contre les violences scolaires et les atteintes aux professeurs : tolérance zéro
- L’insécurité à l’école doit être traitée de la même manière que l’insécurité en général : tolérance zéro. Les établissements les plus dangereux seront équipés de portiques de détection des métaux, même temporairement.
- Alourdissement des peines pour les personnes coupables d’avoir agressé physiquement ou verbalement un enseignant.
Se centrer sur les savoirs fondamentaux
- L’accent sera mis dès la maternelle, et plus encore à l’école élémentaire, sur l’apprentissage des savoirs fondamentaux : français, calcul.
- Augmentation en conséquence du nombre d’heures consacrées à ces matières, qui a sans cesse baissé depuis les années 1970. En 1976, un élève qui sortait du collège avait reçu 2800 heures d’enseignement du français depuis son entrée en CP. En 2004, c’était 2000 heures, soit 800 de moins, l’équivalent de deux ans et demi de cours.
Les parents d’élèves
- Instauration de cours de français obligatoires pour les parents qui ne maîtrisent pas notre langue nationale, pour inciter les parents à franchir le seuil de l’école et à discuter avec l’équipe éducative de la scolarité de leur enfant.
Méthodes d’enseignement : la fin de l’aventure pédagogiste
- Fin de l’aventure pédagogiste : la méthode syllabique sera obligatoire en CP, l’histoire sera apprise de façon chronologique tout au long de la scolarité. La géographie sera enseignée sur des cartes, et l’apprentissage de la géographie française obligatoire.
- L’histoire de France retrouvera sa place au cœur de l’apprentissage
- Maintien obligatoire de la note
La priorité : le redressement de l’école primaire
- L’école primaire doit donc être réformée en profondeur. Il faut en particulier revoir le statut de l’école, créer un nouveau type d’établissement public sur le modèle des collèges et lycées.
- En parallèle, un statut du directeur d’école devra lui donner les moyens d’accomplir complètement ses missions. Une revalorisation de la rémunération et une amélioration du régime de décharge sont indispensables pour pallier les problèmes actuels de recrutement, qui sont préoccupants.
Revalorisation des filières manuelles
- Suppression progressive sur le quinquennat du collège unique qui a été un terrible échec.
- Les filières techniques et manuelles seront revalorisées
- L’apprentissage à 14 ans sera rétabli
- Maintien du baccalauréat, qui doit retrouver son caractère sélectif : refus de tout contrôle continu : seul l’examen national permet l’égalité.
L’égalité sur les territoires
- Pas de remise en cause de la décentralisation des collèges et des lycées aux départements et aux régions, qui date de 1984, mais mise en place des mécanismes de péréquation nécessaires à une vraie égalité entre les élèves sur le territoire national.
- La décision de fermer les petits collèges de moins de 200 élèves à la campagne sera revue. Les méga-structures ne réussissent pas nécessairement. La proximité a des immenses vertus.
- Le ministère de l’Education nationale devra faire une place toute particulière aux problématiques rurales dans son organisation interne, et les intérêts ruraux seront mieux représentés dans les cabinets ministériels.
Les enseignants au cœur de l’école
- La politique du « 1 sur 2 » (non remplacement d’un enseignant partant à la retraite sur deux) cessera : l’intégralité des départ à la retraite sera remplacée. Il n’y aura cependant pas de créations de postes supplémentaires, dans un souci de responsabilité budgétaire.
- Les efforts de réduction d’effectifs seront concentrés sur l’administration centrale du ministère de l’Education nationale
Source : Marine Le Pen 2012
LES BREVES
Depuis la création de son site internet, et tout au long de l’été, le Collectif Racine propose chaque matin une « brève » publiée sur ses comptes Facebook et Twitter, afin de commencer à faire connaître ses positions sur la question scolaire. Cette pratique s’interrompra au moment de la rentrée politique : elle cédera alors la place à des actions plus effectives visant à réunir les conditions nécessaires au redressement de l’Ecole de la République.
Nous reprenons ci-dessous, dans l’ordre de leur publication, ces « brèves de l’été » :
22 juillet 2013
Discréditer le Bac un peu plus chaque année, et de toutes les façons concevables, pour justifier la poursuite de sa conversion en contrôle continu. C’est pourtant à son maintien à titre d’examen anonyme et national, de même qu’à sa revalorisation qu’il faut procéder ! (AA)
« Des profs de français appelés à surnoter les élèves »
24 juillet 2013
L’annonce par le président de la République de la création à l’horizon 2014 de 100 000 formations afin de pourvoir des emplois laissés vacants, non seulement procède d’une tentative pour atténuer artificiellement les chiffres catastrophiques du chômage, mais revient à éluder la question majeure de l’impérative revalorisation de la voie professionnelle devant permettre la formation d’une main d’œuvre hautement qualifiée. (AA)
« Hollande annonce 100 000 formations pour 2014 »
25 juillet 2013
Les décrets du 25 mai 1950 définissant le statut des professeurs du secondaire n’accordent aucun privilège indu à ces fonctionnaires. Ils sont au contraire garants de ce que l’exigence d’instruction soit au centre du système et, à ce titre, doivent être maintenus. L’argument fallacieux de leur « inadaptation », au titre duquel on en appelle à leur « nécessaire évolution », ne sert que la sombre logique des renoncements ayant conduit l’Ecole à de moins en moins instruire. (AA)
« Peillon ouvre le chantier de la réforme du métier d’enseignant »
26 juillet 2013
Le Bescherelle fête ses cent ans, et sa popularité demeure ! Elle traduit l’attachement des Français à la correction de leur belle langue, malgré la proscription de l’enseignement de la grammaire et des conjugaisons imputable à l’influence du « pédagogisme » sur les programmes scolaires. (AA)
27 juillet 2013
La loi Fioraso prévoit que des cours pourront désormais être dispensés en anglais, c’est-à-dire en « globish », à l’université (art. 2). Cette décision procède de ce mondialisme absurde qui prétend depuis trente ans « armer » la France en lui faisant renoncer à elle-même, alors que les élites françaises trahissent et la langue et les intérêts de la nation. Le Collectif Racine entend cet appel lancé par des chercheurs étrangers : « Français, gardez votre langue à l’université ». (YJ)
28 juillet 2013
Quand on prend connaissance de la loi Peillon « sur la refondation de l’Ecole », l’on pense aux « 3 ‟ i ” » par lesquels Berlusconi désignait les finalités qu’il assignait au système scolaire italien : « Inglese, Internet e Impresa », et l’on se dit qu’en cette matière comme en toute autre les politiques de l’UE, c’est le rouleau-compresseur ultralibéral. (AA)
29 juillet 2013
L’UNEF fustige une fois encore tout ce qui pourrait s’apparenter à de la « sélection ». Pourtant, l’ « université pour tous », ce sont des masses d’étudiants qu’on laisse se fourvoyer et une sélection opérant dans tous les cas de façon autrement plus retorse et violente : 50% d’échecs en fin de première année, titres universitaires dépourvus de valeur sur le marché du travail… L’Université aussi doit entrer dans la culture du mérite ! (AA)
« Trente-six universités hors-la-loi »
30 juillet 2013
Le syndicat des chefs d’établissement prétend révéler le « coût caché » du Baccalauréat. Il obtient le chiffre, si astronomique qu’il en est grotesque, d’un milliard cinq cent millions d’euros. L’opération est malhonnête puisqu’elle suppose que le Bac ne devrait pas avoir lieu pour calculer son coût, ajoutant au budget direct (autour de 80 millions d’euros) toutes les heures de cours non assurées durant la session. Elle a un but : mettre à mort, au profit du contrôle continu, une épreuve déjà discréditée par des taux de réussite absurdement élevés. Le Collectif Racine plaide pour un examen anonyme et national dont la valeur sera rétablie par une sélection républicaine pratiquée en amont. (YJ)
31 juillet 2013
On érige trop souvent le système scolaire de la Finlande en modèle qu’il s’agirait et suffirait de suivre pour remédier aux dysfonctionnements de notre propre système. On méconnaît, ce faisant, gravement la profonde différence des conjonctures et des traditions. Les références extranationales ne sauraient en aucun cas dispenser de l’analyse rigoureuse des causes internes ayant provoqué le déclin du système scolaire français. C’est au contraire en saisissant ces causes et en prenant l’exacte mesure de leurs délétères conséquences qu’on pourra en limiter l’efficience et s’employer à redresser notre Ecole. C’est parce que là réside l’ambition supérieure du Collectif Racine qu’il se montre prudent et réservé face au prétendu « modèle finlandais ». (AA)
1er août 2013
Depuis les années 1990, la réforme des programmes est permanente. C’est là un symptôme de ce que l’enseignement est devenu la proie d’une idéologie, le libéral-libertarisme, aussi agressive que confuse. Dès qu’on prétend rompre avec des traditions et des méthodes éprouvées par le temps, l’usage et le bon sens, on est en effet condamné à « inventer » sans cesse des moyens toujours plus subtils, et toujours plus toxiques, de justifier la réforme elle-même. Mais ce mouvement infernal trahit aussi une politique occulte : soumettre l’école de la république, et donc la France, à des modèles et à des intérêts qui lui sont étrangers. Ainsi la définition des « compétences » émane-t-elle d’une OCDE dont on ignore à quel titre précis elle intervient dans le champ du savoir. Au terme de cette évolution, on n’enseigne plus que l’ignorance qui permet de « fonctionner » dans une société de marché. (YJ)
2 août 2013
Dans l’Ecole de la République, l’enseignement des langues régionales a toute sa place, mais à titre d’enseignement optionnel et facultatif proposé, le cas échéant, localement. Car la langue officielle de la République et, partant, de son Ecole est le français : l’unité de la République se fonde aussi sur son unité linguistique. Et ceux qui prétendent privilégier les particularismes régionaux au détriment de ce principe fondamental sont logiquement aussi ceux qui œuvrent à la dissolution et à la destruction de la Nation : le régionalisme est, au niveau du local, l’exact symétrique du mondialisme, au niveau du global. Le Collectif Racine affirme donc l’impératif absolu du français comme seule langue officielle de l’Ecole de la République. (AA)
3 août 2013
Les programmes de 2008 pour l’école primaire vont, au milieu de dispositions « pédagogiquement correctes », dans le sens d’un rétablissement des savoirs fondamentaux. Ainsi la méthode globale d’apprentissage de la lecture y est-elle proscrite. Mais ces programmes ouvrent de telles latitudes d’application locales qu’un grand nombre d’écoles n’appliquent ni leur esprit ni leur lettre. A cela deux autres raisons principales : d’une part, certains instituteurs ne voit pas que les approches « plurielles », « semi-globales », « croisées » participent du climat de la méthode globale ; de l’autre, le corps des Inspecteurs de l’Éducation Nationale milite ouvertement, contrevenant aux devoirs de sa charge, contre la méthode syllabique et progressive. Le Collectif Racine prône le retour généralisé à la méthode syllabique ainsi qu’à l’autorité de l’État sur les corps d’inspection et de direction. (YJ)
4 août 2013
Les programmes d’enseignement doivent faire une place à l’instruction civique. A cet égard l’E.C.J.S. (Education Civique Juridique et Sociale) constitue, au lycée, le dévoiement absurde de ce que devrait être un tel enseignement : il faut donc y mettre un terme. L’instruction civique ne saurait en effet consister en débats plus ou moins oiseux sur des thématiques à la mode ; elle doit au contraire, et de façon progressive, enseigner le fonctionnement de nos institutions et les principes de notre droit constitutionnel. Un tel enseignement n’a pas nécessairement lieu d’exister de façon séparée, mais doit au moins s’insérer dans les cadres de disciplines déjà enseignées, telle l’histoire et, au niveau de la classe terminale, la philosophie. Les programmes de ces disciplines doivent donc être revus à cette fin. (AA)
5 août 2013
L‘autosatisfaction affichée par le ministère concernant la progression du nombre de candidats aux concours d’enseignement a quelque chose de dérisoire et de profondément hypocrite. Cette progression, toute relative, s’explique par l’augmentation du nombre de postes proposés aux concours, laquelle s’accompagne de l’abaissement de la note moyenne requise pour l’admission (4/20 pour le concours de professeurs des écoles !). Malgré tout, le métier d’enseignant continue de ne plus attirer, sans qu’il s’agisse pour autant d’une « crise des vocations ». Beaucoup de jeunes gens souhaiteraient en effet devenirs enseignants, mais ils savent ce que sont les conditions réelles d’exercice du métier : la violence scolaire alimentée par le laxisme de l’institution et le recul des valeurs républicaines face à l’hétérogénéité ethnique des publics scolaires. Le Collectif Racine voit dans la réaffirmation de ces valeurs, dans la sanctuarisation des établissements et dans la restauration de l’autorité les conditions nécessaires à la revalorisation du métier d’enseignant. (AA)
« L’Education nationale ne fait pas le plein d’enseignants »
6 août 2013
Dès qu’il s’agirait de justifier précisément les réformes qu’ils infligent à l’école depuis trente ans, les tenants du pédagogisme n’ont à la bouche que le vocabulaire de « l’adaptation » : aux « réalités sociales », aux « nouveaux publics », aux « pratiques européennes »; « on ne peut plus, disent-ils, enseigner comme avant »; « les élèves ont changé » etc. etc. Ce discours a une apparence, celle de l’empirisme, il a une réalité, celle de l’idéologie. Ce ne sont pas les changements sociaux qui ont imposé la méthode globale, l’inflation des options et l’appauvrissement des programmes, mais la haine de l’égalité par le savoir et de la sélection par l’excellence. Les pédagogistes font passer leurs désirs pour des réalités, le Collectif Racine assume les réalités pour y faire valoir ces principes républicains-là. (YJ)
7 août 2013
L’imposture renaît : les IUFM, dispositifs à convertir les futurs et nouveaux enseignants en exécutants de l’aberration « pédagogiste » avaient été supprimés, voilà les ESPE (Écoles Supérieures du Professorat et de l’Education), instaurés par la loi Peillon. Dans le prolongement des IUFM, des « formateurs » en nombre pléthorique, bien incapables souvent d’enseigner à des élèves réels, y enseigneront pourtant comment les futurs maîtres doivent « apprendre à apprendre » aux « apprenants », et autres foutaises issues des pseudo-« sciences de l’éducation ». Le Collectif Racine dénonce ce retour des IUFM : la pédagogie est un art, au sens précis d’une pratique qu’on parvient à exercer habilement à force de pratique, justement ; et c’est sur la base d’une telle évidence, nullement sur celle de théories aussi fumeuses que nuisibles, que la formation des enseignants débutants doit être conçue et mise en œuvre. (AA)
8 août 2013
« Plus de moyens ! », voilà l’antienne des principaux syndicats de l’Education nationale (généralement mise en sourdine, il est vrai, lorsqu’un gouvernement, pour complaire à cette clientèle électorale, accède à pareille revendication aussi corporatiste qu’infondée). Mais « plus de moyens » pour faire quoi ? Pour que le système procède de plus belle dans la voie de ses dysfonctionnements ? Le fond du problème n’est évidemment pas quantitatif, mais qualitatif : ce n’est pas de savoir de quels moyens l’enseignement dispose, mais ce qu’on enseigne et comment on l’enseigne ! Un grand audit devra être diligenté ; nul doute qu’il fera apparaître dans toute leur réalité des gaspillages inconsidérés (déjà pointés par plusieurs rapports de la Cour des comptes, même si leurs préconisations sont par ailleurs, souvent, discutables) : près de 100 000 ETP (équivalents temps plein), par exemple, ne sont pas affectés à des tâches effectives d’enseignement… Pour le Collectif Racine, l’Education nationale doit être réformée à moyens constants, en recentrant l’Ecole sur ses missions fondamentales, au titre de l’intérêt général ! (AA)
9 août 2013
L’école est un bon poste depuis lequel apprécier la réalité des « discriminations » dont, depuis des années, le système accuse la France de se rendre coupable. A mesure que la question sociale s’est doublée d’une question ethnique, cette notion s’est installée dans le débat public. La « lutte contre le poison des discriminations » fut d’ailleurs la réponse d’un Jacques Chirac blafard, dépassé, aux émeutes qui, trois semaines durant, avaient mis en 2005 la France à feu et à sang (celui des deux victimes dont on ne parle jamais). Le Collectif Racine appartient à l’immense majorité de ceux qui croient, non, qui savent que la France est l’un des pays les moins racistes du monde. Qui voyage sort renforcé dans cette conviction. Et qui connaît l’école de l’intérieur sait que les populations d’origine immigrée, arabe et africaine pour parler net, n’y sont victimes d’aucunes discriminations sinon, sourdement, positives. Voilà un fait massif qui, dès qu’il est vraiment reconnu, invite à repenser les causes de leur mauvaise intégration. (YJ)
10 août 2013
Parmi les ruines d’une Ecole dévastée par les bons sentiments égalitaristes, au titre desquels toute sélection a été battue en brèche, jusqu’à provoquer l’abaissement général du niveau et le triomphe du médiocre, subsistent quelques bastions de la méritocratie et de l’élitisme républicains : le Concours général, par exemple, qui distingue chaque année, dans les disciplines générales, technologiques comme professionnelles, les meilleurs des lycéens. Et tous ceux qui voient une contradiction entre une Ecole démocratique et une Ecole élitiste commettent un contresens sur l’une comme sur l’autre : une Ecole véritablement démocratique doit en effet donner des chances égales à tous, en permettant à chacun de s’élever selon ses talents et ses mérites, ce qui passe aussi par une reconnaissance et une promotion des jeunes gens les plus talentueux et les plus méritants. Le Collectif Racine entend réhabiliter et restaurer pleinement le modèle méritocratique républicain, dont le Concours général est tout particulièrement emblématique ! (AA)
« Le Concours général, dernier bastion de l’excellence »
11 août 2013
Réforme après réforme, il s’agit d’octroyer une autonomie toujours plus grande aux établissements. Or ce désengagement croissant de l’Etat se traduit par la disparition progressive du cadre national dans lequel, pourtant, le système scolaire doit s’inscrire. Ainsi, certains des enseignements dispensés dépendent-ils de décisions locales quant à l’utilisation de la « dotation horaire globale » (DHG), une part des contenus enseignés eux-mêmes se trouve élaborée sur la base de choix « pédagogiques » locaux, et l’introduction progressive du « contrôle continu » menace-t-elle le caractère national des examens. Tout ceci au mépris du principe d’égalité de tous les élèves devant les enseignements et l’évaluation. Pour le Collectif Racine, l’Education est un service public dont le cadre doit être national, et elle ne demeurera nationale qu’à la condition de la nécessaire recentralisation de son administration. (AA)
12 août 2013
Sous prétexte de démocratiser l’Ecole, on n’a eu de cesse, depuis quarante ans, d’alléger les programmes et de revoir à la baisse les exigences. Or ce qu’elle n’enseigne plus, elle en prive les élèves qui ont tout à attendre d’elle. Les autres, plus socialement favorisés, peuvent en effet se tourner, pour combler ces lacunes imputables à ses renoncements, vers des prépas’ privées ou des organismes de soutien scolaire (« Acadomia », par exemple), souvent très onéreux. D’où le développement du marché de l’enseignement parallèle et la prolifération de ces organismes. D’où, surtout, une insidieuse sélection par l’argent (de moins en moins d’élèves d’origine modeste intègrent les grandes écoles, par exemple) : la démocratisation visée a produit l’effet exactement inverse. Pour le Collectif Racine, indéfectiblement attaché à l’égalité des chances, l’Ecole doit dispenser un enseignement ambitieux s’adressant au plus grand nombre : c’est là un impératif démocratique ! (AA)
« Le tutorat des étudiants en médecine s’organise face aux prépas privées »
13 août 2013
Une nation n’est pas seulement souveraine quand elle mène une politique étrangère indépendante, il lui faut se posséder elle-même dans les quelques domaines qui engagent sa personnalité intérieure. De toutes les institutions, l’école est celle qui façonne le plus étroitement l’âme d’une nation. La dotant de son infrastructure intellectuelle, elle agit profondément sur son sentiment de soi. Or, tenue depuis trente ans par un personnel homogène, l’école de la république française prend ses ordres auprès de cénacles euro-mondialistes – OCDE, Round Table, Processus de Lisbonne- qui lui imposent des conceptions de l’enseignement étrangères à son génie. Pédagogistes, technicistes, appauvrissantes, ces conceptions promeuvent partout une sorte de « globish » scolaire. Comme le gauchisme a noué dans la même période de sordides épousailles avec le mondialisme, l’école fut le théâtre d’une double dépossession intellectuelle et morale, le mépris de soi venant s’ajouter à la baisse du niveau. Contre cet alliance de la francophobie et du libéral-pédagogisme, le Collectif Racine veut que l’école redevienne la forge d’une nation française sûre de sa valeur et renouant les fils, qui ne sont d’ailleurs pas tous rompus, de cette tradition de rigueur classique qui fit son rayonnement mondial. (YJ)
14 août 2013
Il faut le dire sans détour : dans beaucoup d’établissements, dans beaucoup de classes, la transmission du savoir est largement entravée, voire rendue impossible par les comportements incanalisables des publics scolaires. Aux causes extérieures à l’Ecole, telle les évolutions démographiques et la montée des communautarismes, le système a ajouté ses propres responsabilités, principalement en prétendant s’adapter aux « élèves réels » et en renonçant à l’autorité. Pour le Collectif Racine, la culture scolaire est celle qui élève et édifie ― elle ne saurait se confondre avec celle de la rue ou des médias ―, et le fait qu’il incarne cette culture noble est ce qui fonde l’autorité de l’enseignant ; par ailleurs, face à ce qu’un usage pudique désigne comme des « incivilités », il est impératif de réaffirmer les règles nécessaires à toute vie en commun, car il n’y a pas de droits qui ne s’accompagnent aussi de devoirs ; enfin, il faut que les sanctions, y compris pénales, en cas d’actes délictueux, soient effectives : la pratique de l’excuse systématique n’a que trop duré. (AA)
Sur le rapport de l’enseignant au savoir et aux élèves qui lui sont confiés : « Entre les murs » (palme d’or du festival de Cannes 2008), ou l’exact contre-modèle à ne pas suivre.
15 août 2013
Chacun sait que l’Education nationale est un bastion de gauche. Encore faut-il préciser qu’il abrite aujourd’hui principalement la gauche « morale », « bobo », repentante, francophobe, dont tous les réflexes sont dirigés contre l’esprit républicain. Il ne reste plus guère en effet de ces instituteurs et professeurs qui étaient, au fond, de farouches républicains avant d’être radicaux, socialistes ou communistes. Descendants des « hussards noirs » célébrés par Péguy, ils associaient le combat pour l’égalité et la rigueur dans l’instruction. Comme d’autres du côté de la droite populaire et du gaullisme, ils savaient que les enfants des milieux défavorisés ne s’élèvent socialement que s’ils s’élèvent intellectuellement par cette rigueur, par le goût du savoir, par la maîtrise du sens et des concepts. Le Collectif Racine souhaite rassembler tous les professeurs partageant le double refus du libéralisme inégalitaire et du libertarisme niveleur. (YJ)
16 août 2013
A chaque fois que paraît un classement international des établissements d’enseignement supérieur, les autorités françaises se trouvent plongées dans l’embarras. C’est une nouvelle fois le cas, avec la publication du « Shanghai ranking ». Il ne suffit pourtant pas, pour se dédouaner des mauvais résultats français, de simplement contester les critères de classement, car c’est bien évidemment au niveau mondial que la recherche, tout particulièrement scientifique, se déploie. Ce qu’il faut, pour que la recherche française renoue avec l’excellence et puisse concourir à armes égales sur la scène internationale, c’est une politique nationale ambitieuse qui en définisse les objectifs, l’encadre, et lui accorde les investissements nécessaires. L’orientation commune aux lois LRU et Fioraso est pourtant exactement inverse : ainsi qu’exigé par l’intégration européenne, elles subordonnent les universités aux (hyper-)régions et à leurs particularismes économiques. Pour le Collectif Racine, ce classement souligne, en cette matière comme en toute autre, les effets délétères de l’UE. (AA)
17 août 2013
« Les enseignants avec Marine Le Pen » ― c’est le slogan du Collectif Racine ; c’est une déclaration d’amour politique. A nos yeux, à notre sens et à notre cœur, en effet, Marine Le Pen est par son équation personnelle la femme de la nation. Ayant renoué les fils d’une tradition politique qui fait de l’Etat le stratège de la France, ayant aussi rompu avec certaines antiennes contre la fonction publique et ses acteurs, elle veut redresser la nation par l’école. C’est-à-dire promouvoir l’égalité des citoyens par l’excellence, et leur liberté par le savoir, le rayonnement de la France par la culture, et sa puissance par la recherche. Le Collectif Racine est en outre sensible au style, au verbe, à la tenue personnelle de la Présidente du Front National et du Rassemblement Bleu Marine qui sera bientôt, il l’espère, celle de la France. C’est pourquoi il est résolument mariniste. (YJ)
18 août 2013
Le Collectif Racine n’a aucune nostalgie pour l’Ecole du passé. Sa démarche est au contraire celle, éminemment politique, consistant à analyser les causes d’un déclin pour proposer les solutions d’un redressement, et de proposer ces solutions pour leur mise en œuvre effective. Or il n’y a rien de moins politique que de méconnaître la réalité du présent, dans la vague attente que l’histoire « repasse les plats ». Force de proposition, le Collectif Racine ne peut que prendre acte du délabrement de l’Ecole, et n’a d’autre souci, au contraire, que celui de son avenir, cet avenir qu’il sait indissolublement lié à celui de la Nation, notre tradition autant que notre avenir ! Concevoir et construire l’Ecole de demain, comme condition du relèvement de la Nation ― voilà tout le sens de notre engagement ! (AA)
19 août 2013
En cette matière comme en toute autre, l’enjeu est bien la restauration de notre souveraineté. Les politiques éducatives mises en œuvre depuis plus de vingt ans sont en effet directement dictées par la logique ultralibérale et l’idéologie mondialiste portées par les instances supranationales : ainsi, par exemple, le « socle commun de compétences et de connaissances », instauré par la loi Fillon de 2005, traduit-il les exigences de l’Union européenne(*), elle-même répondant aux injonctions de divers groupes de pression, l’ « European Round Table » (ERT) notamment. De la sorte, sacrifie-t-on l’éducation et l’instruction sur l’autel des intérêts d’une économie dérégulée et mondialisée, au titre desquels on vise moins à élever par le savoir qu’à produire des consommateurs serviles et des travailleurs flexibles. Pour le Collectif Racine, le redressement de l’Ecole exige la restauration de notre « souveraineté scolaire ». (AA)
20 août 2013
Le Collectif Racine entend mener sur les programmes, matière par matière, ainsi que sur les méthodes d’enseignement, une réflexion technique, précise et pragmatique. A rebours du pédagogisme qui prétend « apprendre à apprendre » en général, une telle réflexion comprend les spécificités de chaque discipline. Et contre la logique des « compétences transversales », pauvres et éphémères, elle veut renforcer les savoirs comme séjour durable dans une région du réel ou de l’esprit. A chaque savoir, donc, correspond une démarche méthodique particulière : ainsi ne peut-on enseigner l’histoire comme les mathématiques. Une longue expérience raisonnée fait toutefois apparaître que, même en langues où l’immersion est indispensable, la connaissance procède en tous domaines du simple au complexe. C’est tout l’art du professeur de faire progresser ses classes de l’un à l’autre. Pour prendre l’exemple de l’histoire, son enseignement « spiralaire » plonge les élèves dans un océan de données qui, faute d’un lien chronologique, ne tarde pas à devenir un abîme de perplexité. Le Collectif Racine souhaite contribuer à rétablir dans l’enseignement, avec la nationalité, une rationalité qui, depuis trente ans, y est en fort recul. (YJ)
21 août 2013
Faire fi des constructions sociales et civilisationnelles afin de produire un Homme nouveau, individu flottant, atomisé, délié de tout déterminisme, et qui ne soit le jouet que de ses propres pulsions et désirs, voilà la sombre logique du « libéralisme sociétal », idéologie dont se nourrit le mondialisme. Et, sous prétexte de « lutte contre les discriminations » et d’ « égalité », c’est bien la terrifiante mission que ce gouvernement entend assigner à l’école, tout particulièrement par l’introduction et la généralisation de la « théorie du genre » dans la formation des enseignants et les programmes scolaires. Le Collectif Racine considère avec la plus grande circonspection ces « théories » directement importées des Etats-Unis, où elles sont inspirées par les revendications de groupes de pression communautaires (féministe, LGBT). Pour le Collectif Racine, au contraire, l’égalité ne se gagne pas par la négation totalitaire des différences structurant la civilisation et définissant l’identité des individus, mais par le savoir, auquel il s’agit de donner à tous un égal accès, de sorte qu’il remplisse sa fonction émancipatrice. (AA)
« L’Egalité entre filles et garçons dans les écoles et établissements » (rapport de l’Inspection générale de l’Education nationale, mai 2013)
TRIBUNE LIBRE
Le Collectif Racine, soucieux de la libre expression démocratique des points de vue, accueille ici les travaux qui, s’ils recoupent souvent ses positions, s’en éloignent toutefois sur certains points. Les contributions ici publiées seront systématiquement suivies d’une réponse estampillée « Collectif Racine » rappelant les positions qui se situent dans la droite ligne qui est la sienne. Comme il sied à une « tribune libre », cette réponse ne clora pas pour autant l’échange, les contributeurs ayant toute latitude pour réagir à leur tour.
Tribune libre sur l’évaluation des enseignants du secondaire
par Arnauld de Tocquesaint et Alain Avello
Pistes de travail pour le 1er degré
par Jean Reys